« Is my B1 your B1? » ou dans quelle mesure les certificats de langue sont-ils comparables ?
La fameuse question « Is my B1 your B1 ? » a initialement été prononcée par Charles Alderson, angliciste, professeur à la Lancaster University et expert avéré dans le domaine des tests de langue. Avec cette question rhétorique, il voulait entre autres faire remarquer que non seulement les différentes versions d’un test donné, mais aussi les différents tests qui servent à vérifier les compétences langagières du même niveau doivent pouvoir être comparés entre eux.
Dans le contexte européen, la comparabilité ou l’équivalence des tests de langue standardisés est en général garantie par son rattachement au Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR) et par son classement entre les six niveaux de compétence CECR (A1, A2, B1, B2, C1 et C2). Les descripteurs du CECR décrivent quelles tâches langagières et communicatives les utilisatrices et utilisateurs de langue peuvent effectuer avec succès et par quels éléments qualitatifs leur spectre langagier doit se caractériser pour que les critères relatifs à un niveau de compétence soient remplis.
Si les descripteurs mettent l’accent sur plusieurs aspects centraux du niveau CECR, ils ne prétendent pas décrire de façon exhaustive tout ce qui est pertinent (voir CECR volume complémentaire 2021 : 42). C’est pourquoi il est conseillé aux prestataires de tests de langue de tenir compte des niveaux respectifs du CECR lors de l’élaboration de leurs spécifications de test et critères d’évaluation ainsi que d’analyser en détail quels descripteurs sont pertinents pour leur contexte spécifique (voir CECR volume complémentaire 2021 : 44). Dans ce processus, il convient de tenir compte des aspects suivants :
- qui doit prouver ses compétences langagières par ce test ? Quelles sont les principales caractéristiques du pulic cible ?
- Dans quelles situations et quels domaines langagiers et communicatifs les participantes et participants au test doivent-ils pouvoir agir avec succès ?
- De quelles compétences concrètes les participantes et participants au test doivent-ils disposer pour pouvoir effectuer avec succès les tâches langagières et communicatives caractéristiques pour le contexte spécifique ?
En fonction des réponses à ces questions, les prestataires de test choisissent les descripteurs CECR pertinents pour eux et les adaptent à leur contexte. En conséquence, seule une partie de l’éventail possible des compétences communicatives est systématiquement vérifié dans le cadre de chaque test. En d’autres termes, tous les tests d’un niveau CECR donné évaluent les compétences qui reflètent certes le niveau indiqué, mais varient plus ou moins en fonction du contexte. Lors de l’interprétation et de l’utilisation des résultats du test, il faut donc toujours accorder une place centrale à la question suivante : qui utilisera la langue testée quand, avec qui et dans quel but ? Ainsi, les contrôles standardisés qui évaluent la compétence langagière générale donnent des indications pertinentes pour de très nombreux contextes quotidiens, mais ne sont pas forcément appropriés comme justificatif des connaissances d’un langage technique spécifique. À l’inverse, il n’est pas automatiquement possible de conclure, sur la base du résultat d’un test de langage économique, du degré d’intégration linguistique des participantes et participants au test dans chaque pays dans lequel la langue testée fait office de langue officielle ou de communication.
Les éléments qui précèdent peuvent être expliqués au moyen de l’exemple concret suivant : le test fide, qui est également rattaché au CECR, mesure le niveau d’intégration linguistique des migrantes et migrants adultes en Suisse, autrement dit leur capacité à maîtriser sur le plan langagier et communicatif des situations actionnelles de la vie quotidienne en Suisse. En conséquence, le résultat d’un test fide montre dans quelle mesure les participantes et participants au test sont préparés aux difficultés langagières et communicatives de la vie quotidienne en Suisse. Comme pour de nombreux autres tests standardisés, le résultat est exprimé en niveau CECR sur le « passeport des langues » et il est donc comparable aux résultats de ces tests dans la perspective du CECR. Le « passeport des langues » reste toutefois le plus pertinent pour les parties prenantes qui se rencontrent mutuellement dans le contexte suisse de la migration et de l’intégration et communiquent entre elles.
Dans ce sens, il est possible d’apporter la réponse suivante à la question soulevée dans le titre de cet article : de par leur rattachement au CECR, les tests standardisés du même niveau sont en principe comparables. Leur but et l’utilisation envisagée des résultats du test sont toutefois décisifs : en fonction du contexte, « my B1 » peut et doit fixer des priorités quelque peu différentes de « your B1 » et donc attester de compétences quelque peu différentes.
Bibliographie Conseil de l’Europe. 2021. Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer – Volume complémentaire (CECR). Strasbourg : Conseil de l’Europe. |