Abdullatif Atmad a reçu une convocation de la part du contrôle des habitants pour le renouvèlement de son permis de séjour. Il se présente au bureau d’Yverdon-les-Bains et en profite pour poser quelques questions.
Abdullatif Atmad a 28 ans. Son pays d’origine est l’Afghanistan et il habite en Suisse depuis 2 ans. Il a commencé des études supérieures dans son pays d’origine. Depuis son arrivée en Suisse, il fréquente des cours de français intensifs (4-6 heures par jour). Pour le moment, Abdullatif ne travaille pas et n’a pas l’occasion de pratiquer le français dans la sphère privée.
Dans ce vidéo, Abdullatif démontre une performance correspondant au niveau A1.
Interaction A1 : Abdullatif parvient à s’en sortir dans cette situation communicative et à obtenir les informations qu’il lui fallait. Il dépend cependant beaucoup de l’aide de son interlocutrice qui doit parler lentement et bien articuler ses questions. Elle reformule également ce que dit Abdullatif afin d’être sûre de l’avoir bien compris. Abdullatif donne peu de feedback: il ne réagit pas beaucoup et la plus part du temps ne confirme pas ce qu’il a compris. On peut donc s’interroger sur sa compréhension. Etendue A1 : Abdullatif possède un vocabulaire élémentaire relatif à la famille, au travail, et au logement, qui lui permet d’échanger les informations concrètes nécessaires dans cette situation. Il comprend les questions de son interlocutrice, arrive à y répondre et à poser les siennes. Aisance A1 : ses énoncés sont très courts. Il fait des pauses pour chercher ses mots et hésite parfois avant de répondre aux questions qui lui sont posées. Correction A1 : il s’en sort avec quelques mots et structures simples. On remarque que le répertoire grammatical d’Abdullatif est largement mémorisé, comme quand la collaboratrice lui demande Est-ce que vous avez votre passeport ? Il lui répond J’ai oublié votre passeport. Ceci démontre qu’il n’est pas vraiment capable de manipuler certaines formes grammaticales . Quand il pose ses questions, il est difficile de décerner exactement ce qu’il dit ; on entend les mots clés mais le reste n’est pas clair et c’est l’interlocutrice qui doit reformuler la question pour confirmer si elle en a bien compris le sens. Processus d’évaluation : la prestation linguistique d’Abdullatif a été évaluée sur la base des descripteurs du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Sur les 11 formateurs-trices qui ont participé à l’évaluation, 5 lui ont attribué un niveau A2, 4 un niveau A1, 2 un niveau inférieur à A1. Les critères spécifiques ont été évalués comme suit : Interaction = 1x<A1, 5xA1, 4xA2, 1xB1 ; Etendue = 2x<A1, 5xA1, 4xA2 ; Aisance = 2x<A1, 4xA1, 5xA2 ; Correction = 2x<A1, 5xA1, 4xA2. Etant donné que le vidéo a produit des jugements hétérogènes et divergents lors de la première phase d’évaluation online, il a été examiné une deuxième fois par les formateurs-trices à l’occasion d’une réunion en présentiel, durant laquelle elles/ils ont convenu de lui attribuer un niveau A1.
Cette situation communicative est très formelle et consiste surtout en un échange de questions et de réponses. La personne d’origine étrangère peut se sentir intimidée face à une structure administrative qui s’occupe de gérer la question de son séjour en Suisse. Abdullatif est familier avec ce contexte administratif suisse. Il sait qu’il est nécessaire de se présenter sans tarder lors que l’on reçoit un courrier de la part des autorités et que son permis doit être renouvelé dans les délais impartis. Il a rempli le formulaire pour la prolongation de celui-ci et a préparé tous les documents requis. En outre, il sait qu’il peut obtenir de nombreux renseignements au contrôle des habitants. Cependant, Abdullatif semble réagir à cette situation particulière avec nervosité : il passe très rapidement d’une question à l’autre, vers la fin il interrompt la collaboratrice pendant qu’elle est encore en train de lui répondre, la remercie et a l’air soulagé quand l’entretien se termine. Il est cependant difficile de définir si cela est lié à la situation communicative (renouveler son permis de séjour), à la présence de la caméra, à sa personnalité ou à son niveau de compétences linguistiques. Abdullatif salue et prend congé adéquatement et emploie les formules de politesse conformes au contexte suisse : je peux poser quelques questions ? Lorsqu’il ne connaît pas un mot, il fait recours à l’anglais (document ; change). À une seule reprise il parvient à reformuler l’expression de son interlocutrice (c’est fixe) et à répéter une information reçue pour être sûr d’avoir bien compris (pas ici ?). Il reste souriant tout au long de l’entretien. L’interlocutrice d’Abdullatif semble bien connaître ce type d’échange, se montre très coopérative et à l’écoute. De cette façon, elle aide Abdullatif dont le niveau linguistique ne permet pas un échange fluide.
Le diagramme montre en un clin d'œil les performances linguistiques d'Abdullatif à l’oral et à l’écrit dans différentes situations.
Contexte