Nishanthan Gnam a obtenu un rendez-vous chez la Doctoresse Morel pour examiner sa blessure au doigt de la main gauche. Puisque Nishanthan n’est jamais allé chez ce médecin, la secrétaire lui demande de remplir un formulaire. Il s’installe ensuite dans le cabinet de la doctoresse et répond aux questions concernant ses symptômes. Après avoir reçu le certificat d’arrêt maladie et l’ordonnance, Nishanthan prend congé.
Nishanthan Gnam a 30 ans. Son pays d’origine est le Sri Lanka et il habite en Suisse romande depuis 1 an et demi. Il a fait des études secondaires supérieures dans son pays d’origine. Depuis son arrivée en Suisse, il fréquente des cours de français hebdomadaires de façon discontinue. Il n’a pas l’occasion de pratiquer le français sur son lieu de travail ni dans la sphère privée.
Dans ce vidéo, Nishanthan démontre une performance correspondant au début du niveau A1.
Interaction A1 : Nishanthan utilise de nombreuses stratégies pour compenser son manque de moyens linguistiques. Quand il ne comprend pas un énoncé, il peut dire Je n’ai pas compris, ou il peut répéter le mot qui lui est inconnu : Longtemps ? Métier ? Il peut même reformuler pour confirmer ce qu’il a compris, p. ex. quand le médecin lui dit de changer le pansement deux fois par jour, il répond en disant Le matin et le soir ? A ce niveau il peut communiquer de façon simple uniquement si l’interlocuteur parle lentement et distinctement et se montre coopératif, en répétant les énoncés ou en les reformulant. Etendue A1 : Nishanthan possède un répertoire élémentaire de mots et d’expressions qui lui permet d’expliquer son problème et de répondre à des questions simples. Son vocabulaire est parfois lacunaire (il ne comprend pas métier mais comprend travail) ce qui est typique de ce niveau, mais il est suffisant pour parler d’une situation qui lui est familière, c’est à dire son travail de cuisinier : viande ; cuit ; couper. Il dispose de très peu de structures grammaticales et dépend plutôt de fragments de langue (mots, expressions, phrases incomplètes). Aisance A1 : il s’en sort avec des énoncés très courts, souvent uniquement avec des mots isolés. Il utilise aussi des expressions fixes comme Je n’ai pas compris ; S’il vous plait, etc. Il y a des pauses évidentes lorsqu’il cherche à comprendre son interlocuteur ou à s’exprimer. Correction <A1 : Nishanthan dépend surtout de son vocabulaire pour communiquer. Il n’arrive guère à former des phrases complètes, mais il utilise des stratégies pour s’en sortir. Sa prononciation pose quelques problèmes pour l’interlocutrice, mais il arrive tout de même à se faire comprendre. Processus d’évaluation : la prestation linguistique de Nishanthan a été évaluée sur la base des descripteurs du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Sur les 9 formateurs-trices qui ont participé à l’évaluation, 4 lui ont attribué un niveau inférieur à A1, 4 un niveau A1 et 1 un niveau A2. Les critères spécifiques ont été évalués comme suit : Etendue = 4x<A1, 4xA1, 1xA2; Correction = 4x<A1, 4xA1, 1xA2; Aisance = 1x<A1, 6xA1, 1xA2, 1x abstenue; Interaction = 3x<A1, 5xA1, 1xA2. Etant donné que le vidéo a produit des jugements hétérogènes et divergents lors de la première phase d’évaluation online, il a été examiné une deuxième fois par les formateurs-trices à l’occasion d’une réunion en présentiel, durant laquelle elles/ils ont convenu de lui attribuer un niveau correspondant au début du A1.
La visite chez le médecin est un contexte communicatif qui peut se révéler exigeant, non seulement pour une personne allophone (nécessité de décrire des symptômes précis, de parler de soi, proximité, etc.). Dans ce type de dialogue, le/la patient-e se limite généralement à répondre aux questions du médecin et à écouter les explications de ce dernier. Nishanthan est mis en difficulté par l’insuffisance de ses moyens linguistiques dans un contexte qui demande un niveau supérieur au sien. Il semble tout de même être familier avec les aspects pratiques et socio-culturels les plus importants de ce contexte communicatif. Il sait qu’il doit amener sa carte d’assurance avec lui lorsqu’il va chez le médecin, et ne semble pas surpris par le formulaire à remplir. Il sait ce qu’est une ordonnance et un arrêt de travail et connaît le produit à utiliser pour désinfecter une blessure (merfen). Bien que Nishanthan utilise des stratégies pour mieux comprendre le médecin (il répète les mots du médecin, dit clairement qu’il n’a pas compris, utilise pardon? ou des mots en anglais), sa compréhension reste faible et l’interaction peu fluide. Sa prononciation empêche, par moment, le médecin de le comprendre, l’amenant à un certain point à y renoncer. Nishanthant ne peut pas mener la communication de son propre chef et a besoin du soutien de son interlocutrice pour avancer dans l’échange. Dans cette situation, la doctoresse semble avoir de la peine à s’adapter aux exigences de son interlocuteur: son débit reste rapide, elle parle plus fort, elle répète, mais elle ne reformule pas tout de suite. De son côté, Nishanthan essaye de compenser ses difficultés linguistiques (lorsqu’il essaye d’expliquer la douleur au doigt) par son sourire.
Le diagramme montre en un clin d'œil les performances linguistiques de Nishantan à l’oral et à l’écrit dans différentes situations.
Contexte