Mahmoudou Youssifa a obtenu un rendez-vous chez la Doctoresse Morel, car les douleurs à son oreille sont très fortes et l’empêchent de dormir. Puisque Mahmoudou n’est jamais allé chez ce médecin, la secrétaire lui demande de remplir un formulaire. Il s’installe ensuite dans le cabinet de la doctoresse et répond aux questions concernant ses symptômes. Après avoir reçu le certificat d’arrêt maladie et l’ordonnance, Mahmoudou prend congé.
Mahmoudou Youssifa a 21 ans. Il vient de la Côte d’Ivoire et sa langue maternelle est le Dioula. Il a commencé à entendre et à parler le français à l’âge de 14 ans dans un contexte informel. Le français est la langue officielle de la Côte d’Ivoire, mais les francophones proprement dits (sachant lire et écrire le français) constituent seulement environ le 30% de la population (OIF 2010). Mahmoudou n’a pas appris le français à l’école, mais l’a assimilé oralement. Depuis son arrivée en Suisse, il y a neuf mois, Mahmoudou prend des cours intensifs de français et a l’occasion de le pratiquer dans son quotidien et à la maison.
Dans ce vidéo, Mahmoudou démontre une performance correspondant à un bon niveau B2.
Interaction B2 : la doctoresse ne semble pas devoir adapter son langage lorsqu’elle s’adresse à Mahmoudou. Mahmoudou ne rencontre pas de difficulté, ni pour s’exprimer, ni pour comprendre ses interlocuteurs. Il pose des questions et confirme ce qu’il a compris, mais de manière tout à fait naturelle dans une telle situation. Il arrive même à faire une petite blague: il a peur d’être moche si l’oreille commence à couler. Au niveau de la communication, il est à pied d’égalité avec le médecin. Etendue B2 : Mahmoudou possède un répertoire linguistique suffisamment étendu pour expliquer son problème et pour prendre part à la conversation avec le médecin de façon naturelle. Hormis l’expression situation civile, il comprend tout ce qu’on lui dit. Il est capable de reprendre des expressions comme couler ; arrêt de travail ; pic de douleur, ce qui montre l’étendue de son vocabulaire. Aisance B2 : son débit est régulier. S’il hésite, c’est pour chercher un mot ou une expression. On pourrait même dire qu’il peut s’exprimer avec aisance presque sans effort, ce qui caractérise le niveau C1. Correction B2 : Mahmadou montre un degré élevé de contrôle grammatical et commet peu de fautes. Seul son accent peut parfois gêner la communication. Processus d’évaluation : la prestation linguistique de Mahmoudou a été évaluée sur la base des descripteurs du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Sur les 20 formateurs-trices qui ont participé à l’évaluation, 15 lui ont attribué un niveau B2, 3 un niveau B1, 2 un niveau A2. Les critères spécifiques ont été évalués comme suit : Interaction = 2xA2, 2xB1, 16xB2 ; Etendue = 2xA2, 3xB1, 15xB2 ; Aisance = 2xA2, 3xB1, 15xB2 ; Correction = 1xA2, 5xB1, 14xB2.
La visite chez le médecin est un contexte communicatif qui peut se révéler exigeant, surtout pour une personne allophone (nécessité de décrire des symptômes précis, de parler de soi, proximité, etc.). Dans ce type de dialogue, le/la patient-e se limite généralement à répondre aux questions du médecin et à écouter les explications de ce dernier. Malgré ce contexte particulier, Mahmoudou est à l’aise et remplit parfaitement sa tâche. Il connaît les pratiques administratives du contexte suisse (formulaire d’admission) et peut demander sans se gêner à l’assistante médicale le mot qu’il n’a pas compris (situation civile). Il semble également ne pas comprendre tout à fait ce qu’est un arrêt de travail, mais l’incompréhension semble être, dans les deux cas, plutôt d’ordre socio-culturel que linguistique. Mahmoudou communique spontanément, sans difficulté et n’hésite pas à ajouter des questions ou remarques, par exemple lorsqu’il explique qu’il n’a pas voulu prendre de médicament avant de consulter le médecin ou lorsqu’il demande à la doctoresse l’adresse du dentiste. Il utilise le langage corporel (gestes et mimiques) pour décrire ses douleurs, répète ou reformule pour être sûr d’avoir bien compris (à gauche ? c’est pas un problème d’oreille mais c’est la dent?) et argumente (j’ai tant mal, s’ils vont donner un rendez-vous…). Mahmoudou respecte les règles de politesse, coopère avec son interlocutrice, relance la conversation et se permet même de faire de l’humour. Rien n’entrave la communication entre le médecin et Mahmoudou. La doctoresse ne simplifie pas sa langue et ne ralentit pas son débit. L’échange entre les deux interlocuteurs se fait d’égal à égal.
Le diagramme montre en un clin d'œil les performances linguistiques de Mahmoudou à l’oral et à l’écrit dans différentes situations.
Contexte